Carnival Row : seulement une histoire de fées ?
En 2019, la plateforme Amazon Prime Video diffuse la série tant attendue : Carnival Row.
Le programme, mêlant fantasy et thriller, repose sur les épaules de deux superstars : Cara Delevingne et Orlando Bloom. Plutôt prometteur et attrayant ce casting !
Dans un monde fantastique, à l’époque victorienne, deux catégories d’êtres vivants cohabitent : les humains et les créatures mystiques/mythologiques/magiques. Rycroft Philostrate, détective – et Vignette Stonemoss, fée ; vivent un amour inconditionnel et interdit, au sein d’une société de plus en plus barbare et intolérante. Une série de meurtres violents vient accentuer le climat malsain et pesant, d’une communauté déjà en perdition…
Des débuts difficiles…
Les trois premiers épisodes sont – à mon sens – en la défaveur de Carnival Row. Très vite, on est confronté à un vocabulaire spécifique et à une multitude de personnages, de « castes » qu’on ne parvient pas à distinguer d’entrée. Le contexte de l’histoire est lui aussi assez flou, on ne cerne pas forcément qui sont les adjuvants, les opposants. Bref, tout est confus et freine à la bonne réception de la série.
Cependant, il y a cette atmosphère particulière qui vous retient étrangement. Grise, vaporeuse, presque hostile mettant en scène une sorte de Londres qui n’est que pluie, froideur et insalubrité.
Et puis, il y a surtout cette enquête criminelle qui parvient à nous cueillir et nous captiver. On veut savoir quel Homme ou quelle créature terrorise la ville en décimant ses habitants.
La question de l’origine
Par l’intermédiaire de Rycroft Philostrate, la notion de racines – d’origines – est questionnée.
Enfant abandonné et placé dans une institution monastique, le policier ne connaît rien de son passé. Pourtant, une enquête va enfin lui révéler cet élément si précieux dans une vie : son identité.
Des bribes de son enfance lui reviennent…parfois très lointaines.
Sacrifices, berceuse ; c’est avec émotion que l’on rassemble avec lui les pièces du puzzle.
Un thriller à l’issue prévisible…
Si vous êtes attentifs, à la mi-saison on se doute déjà de qui est responsable du massacre de Carnival Row.
Volontaire ou non, le jeu des acteurs agit tel un gyrophare, et désigne grossièrement qui sème la terreur sur la ville, avec ses crimes aussi injustes qu’inhumains.
On attend seulement patiemment que « l’attendu » se passe…dommage.
Critique d’une société moderne meurtrie
Au final, le plus captivant reste la corrélation possible entre l’histoire qui nous est contée et la société réelle dans laquelle nous vivons.
En effet, on y découvre un gouvernement corrompu, où les affaires intimes priment sur la justice et le bien commun.
Nul mérite, il suffit d’être bien né et ambitieux, pour conquérir.
Le racisme ambiant entre les différentes castes est à la fois écœurant mais aussi extrêmement parlant, car malheureusement les parallèles avec 2020 sont possibles et nombreux.
L’humain imprégné d’une xénophobie viscérale…le conduit à l’exclusion et tentatives de meurtres sur ces êtres mystiques qui ne leur ressemblent pas.
Pourtant, lorsqu’il s’agit de profiter des plaisirs de la chair, ou d’avantages financiers de ces mêmes « créatures » ; le racisme disparaît soudainement.
Pour tout ce que cela dit de l’humain, de ses valeurs, de ses peurs, ses vices ; et pour toutes les prises de conscience que génèrent Carnival Row : cela vaut la peine de s’accrocher et de visionner la série jusqu’au bout.
Visuellement, la série est très réussie. On y trouve de belles idées esthétiques et scénaristiques.
Ceci dit, les arcs narratifs nous laissent sur notre faim. On aurait aimé plus de profondeur, plus de suspense, plus d’enjeux.
Une saison 2 est actuellement en préparation. Nous laisserons-nous tenter ? Pas sûr.
Fille cachée de Piper Halliwell, il m’arrive de regretter de ne pas avoir hérité de son premier don, pour assouvir mes addictions, qui se résument en quelques mots : le binge watching sur Netflix et autres plateformes de perdition sérielles, dévorer les derniers Hoover/Martin Lugand/Ledig, rattraper mon retard monstrueux dans la Bollywoodsphere et enfin écrire !
Dans mes textes vous retrouverez : un brin d’humour, un zeste de passion et beaucoup de curiosité ! Et mais, ne frôlerait-on pas un huitième du génie d’Astier ? (Okay. Un centième ?).