Inventing Anna : ou l’art du mensonge
En février 2022 sortait la nouvelle mini-série de l’écurie Shondaland : Inventing Anna.
Basée sur une histoire vraie, cette dernière conte l’enquête d’une journaliste sur l’Affaire Anna Delvey – une jeune héritière allemande faisant le buzz sur Instagram – et ayant dupé tout le gratin new yorkais.
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La vraie Anna Delvey
Anna Sorokin, aka Anna Delvey, est une escroqueuse russe naturalisée allemande. Grande passionnée de mode, elle parvient à décrocher un stage au sein du magazine français Purple. C’est à partir de ce moment qu’elle se fait nommer Anna Delvey.
En 2013, elle élabore le projet de la création d’une fondation d’art contemporain portant son nom.
En 2016, elle s’installe à New York et décide de concrétiser son idée, en l’installant à la Church Missions House, un célèbre bâtiment historique. Problème : elle a besoin d’argent. Mais qui est-elle ? Personne. C’est à partir de ce moment qu’elle imagine un stratagème pour obtenir des prêts bancaires sous sa fausse identité.
Malheureusement pour elle, la supercherie prend fin assez rapidement, notamment par le biais de plaintes déposées autant par les instituts bancaires, que par ses proches.
Elle sera d’ailleurs condamnée en 2019 à douze ans de prison pour escroquerie, grand banditisme et crime organisé.
Après avoir effectué quatre ans derrière les barreaux, Anna Delvey est libérée en février 2021. Six semaines seulement après cette décision, la fausse héritière retourne à la case prison pour expiration de Visa.
Les créations Shonda Rhimes, un gage de qualité ?
Shonda Rhimes est une réalisatrice, productrice et scénariste américaine de renom, dont les preuves ne sont plus à faire.
Elle est notamment connue pour ses célèbres séries : Grey’s Anatomy, Scandal ou encore Murder. Sa société de production Shondaland est à la tête de l’un des plus gros succès Netflix de ces dernières années : La Chronique des Bridgerton ; donc autant vous dire qu’on est quasiment sur une carrière audiovisuelle sans faute !
J’apprécie grandement son partie pris de mettre régulièrement en avant des héroïnes principales fortes, indépendantes et pleine de ressorts. J’avais donc hâte de découvrir sa proposition de « biopic » autour de l’incroyable parcours d’Anna Sorokin.
Et bien malheureusement, je suis un peu déçue.
J’ai trouvé les épisodes particulièrement longs et pas forcément très pertinents. Ce n’est qu’au sixième épisode (une éternité donc…) que mon attention a vraiment été captée et que j’ai fini par binge-watcher la série.
La performance de Julia Garner
Si le scénario d’Inventing Anna pâtit de quelques longueurs, il faut admettre que Julia Garner est en revanche très convaincante et percutante.
Il faut dire que cette dernière n’a pas pris son rôle à la légère puisque dans le cadre de sa préparation, elle a eu l’occasion de rencontrer son homonyme réel. On aurait aimé être une petite souris pour connaître la teneur de leurs échanges.
Résultat ? La ressemblance est bluffante ! Autant physiquement, que sur des traits de caractère très pointus.
On adore la détester ! Elle est déconcertante, irritante, irrévérencieuse ; bref, vous n’avez qu’une envie : la secouer comme un prunier !
Rien que pour cette performance, la mini-série mérite d’être visionnée.
Vivian Kent : figure de la femme carriériste
Anna Chlumsky incarne Vivian Kent, une journaliste du Manhattan, dont la carrière est en berne suite à un incident avec l’un de ses interviewés.
Avec l’affaire Anna Delvey, Vivian est persuadée de tenir LE sujet qui redorera son blason et viendra contrecarrer l’injustice à laquelle elle est confrontée depuis plusieurs années.
Enceinte et méprisée par sa hiérarchie, seuls ses collègues de la Scribérie (bureaux attribués aux journalistes au placard) et son compagnon croient en elle.
Sa détermination et son ambition sont à la fois inspirants et fatigants.
À mon sens, elle titille parfois les limites du journalisme de part un voyeurisme – ou du moins une insistance – un peu malsaine. Cela m’a gênée car cela me rappelle justement le sensationnalisme médiatique dans lequel nous évoluons, avec cette quête perpétuelle de la bonne image et du bon scoop ; au détriment de l’éthique et de la morale.
J’ai encore du mal à dire si je trouve ce parti pris injuste ou trop attendu…
J’aurais aimé que le scénario creuse un peu plus les répercussions de l’histoire ayant causé sa perte, tout comme le frein incompréhensible que représente la maternité dans notre société. Dommage…
Verdict ?
Visuellement, Inventing Anna est hyper efficace. On est sur une maîtrise parfaite des codes sériels actuels : l’utilisation des réseaux sociaux, le dynamisme des images, un personnage principal réel et mystérieux etc.
L’histoire est loin d’être banale, donc forcément elle suscite l’intérêt mais la lenteur des premiers épisodes peut en rebuter plus d’un.
Si vous êtes passionné(es) de faits divers, tenez bon ! Vous ne devriez pas être totalement déçu(es). Pour les autres…hum…passez votre tour !
Fille cachée de Piper Halliwell, il m’arrive de regretter de ne pas avoir hérité de son premier don, pour assouvir mes addictions, qui se résument en quelques mots : le binge watching sur Netflix et autres plateformes de perdition sérielles, dévorer les derniers Hoover/Martin Lugand/Ledig, rattraper mon retard monstrueux dans la Bollywoodsphere et enfin écrire !
Dans mes textes vous retrouverez : un brin d’humour, un zeste de passion et beaucoup de curiosité ! Et mais, ne frôlerait-on pas un huitième du génie d’Astier ? (Okay. Un centième ?).