Alta Mar : une savoureuse croisière maudite

Le 24 mai 2019, Netflix propose à ses abonnés une nouvelle série espagnole : Alta Mar.

Créée par Gema R. Neira et Ramón Campos (le même duo que pour Las Chicas Del Cable), Alta Mar se déroule dans les années 1940 sur un paquebot flambant neuf. Deux sœurs, Eva et Carolina Villanueva embarquent, direction : le Brésil. L’une d’elle doit se marier en mer, l’autre rejoint un éditeur sur le continent sud-américain.
Si tout paraît idéal et paradisiaque, il n’en est rien ! Secrets, meurtres et trahisons viennent s’inviter au cours de la traversée !

Deux saisons sont actuellement disponibles sur la plateforme, je vous parle donc de ces dernières ; et je dois dire être agréablement surprise.

Le Barbara de Braganza…

Pour être honnête, j’avais un peu peur que le huit clos de cette croisière nuise à la qualité du scénario. On se dit qu’on va rapidement tourner en rond et faire le tour des personnages tout comme des intrigues…Et bien, pas du tout !

J’ai adoré l’ambiance émanant du paquebot. On est complètement transporté dans l’univers luxueux de l’époque : ses détails, sa décoration Art Déco. Un plaisir pour les yeux !

On est fasciné par la clarté de l’océan au petit matin, tout comme son obscurité effrayante et mystérieuse la nuit. À l’instar des personnages, le spectateur se perd dans les innombrables couloirs et moindres recoins du bateau. Il s’avère regorger d’énigmes et coups de théâtre, aussi prenants qu’haletants.

Le Barbara de Braganza nous fait tanguer dangereusement entre le film de vacances et le polar. Deux polarités auxquelles il est difficile de ne pas succomber.

Comme un petit air d’Agatha Christie…

La belle Eva Villanueva nous fait penser – à certains égards – à la célèbre auteure de romans policiers Agatha Christie. Elle même écrivaine, elle marque par sa personnalité et son esprit.

Ne serait-ce que par ses habits, elle se distingue des autres femmes : elle porte constamment des pantalons, des chemises cintrées, les cheveux relevés.

Lorsqu’elle arrive sur le bateau, elle est en panne d’inspiration. Elle n’écrit plus. Pas un mot. Ce sont les différents drames vécus sur le Barbara de Braganza qui l’incitent à reprendre la plume, pour conter ses aventures rocambolesques.

Pour les amoureux d’Hercule Poirot – personnage phare de l’œuvre d’Agatha Christie – vous reconnaîtrez certains des dispositifs utilisés par ce dernier, dans Alta Mar. Les complices d’enquêtes (Nicolás c’est un peu le capitaine Arthur Hastings de Poirot), les réunions rassemblant victimes, témoins et meurtrier pour l’élucidation.

Romances, sororités et filiations…

Vous vous en doutez, il n’est pas de séries espagnoles sans romance (si vous en connaissez une, je suis preneuse aussi hein !). Ici, elles sont relativement attendues, mais lorsqu’elles prennent vie sous nos yeux, nous ne sommes pas déçus. Elles sont réalistes et douces : il ne m’en fallait pas plus !

En termes de « sororités » : ce n’est pas tellement ça. Pourtant, le début était relativement prometteur avec l’aide qu’apportent les sœurs à la pseudo clandestine. Ceci dit, le niveau de women empowerment de certaines protagonistes féminines est suffisamment important, pour donner de la profondeur aux relations qui les unissent.

Alta Mar nous apprend aussi la complexité des liens familiaux : on a un père et un oncle défaillants, des époux à l’harmonie vacillante, des sœurs dont la confiance mutuelle n’est finalement pas tant établie et acquise. Bref, là aussi, malgré des histoires parfois tirées par les cheveux ; la notion de famille est traitée avec justesse. Loin de l’idéalisation communément exposée sur les écrans.

On se laisse volontiers porter par l’humanité esquissée par le scénario.

Composée de 2 saisons et de 16 épisodes, Alta Mar se dévore en quelques jours à peine !
On voyage, on se questionne, on s’attache aux personnages : pour moi, cette série est une réussite.

Une saison 3 a été tournée avant la pandémie de Covid-19. Une quatrième saison aurait été également commandée selon une source AlloCiné.

Autant vous dire que j’ai hâte ! Et vous, vous connaissez ? Comment l’avez-vous trouvée ?

Anaïs

Fille cachée de Piper Halliwell, il m’arrive de regretter de ne pas avoir hérité de son premier don, pour assouvir mes addictions, qui se résument en quelques mots : le binge watching sur Netflix et autres plateformes de perdition sérielles, dévorer les derniers Hoover/Martin Lugand/Ledig, rattraper mon retard monstrueux dans la Bollywoodsphere et enfin écrire !

Dans mes textes vous retrouverez : un brin d’humour, un zeste de passion et beaucoup de curiosité ! Et mais, ne frôlerait-on pas un huitième du génie d’Astier ? (Okay. Un centième ?).