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Relation Au Corps : le chemin vers l’acceptation

Chaque été, c’est pareil : les médias nous assomment de visuels prônant le fameux « Body Summer » ! Comment est-il ce « body » ? Mince, musclé, dépourvu de vergetures, de cellulites, de poils. « Parfait » me diriez-vous ? Personnellement, je dirai plutôt « Irréaliste« .

Parce qu’en 2020 il est anormal de faire perdurer ces injonctions et diktats de beauté, Jaïne&Co décide de se rebeller et de vous donner la parole.

Aujourd’hui, nous recevons Mannel – 22 ans – qui a courageusement répondu à notre appel à témoins, pour nous parler de sa relation au corps.
Un message plein d’espoir et empli de positivité.


Jaïne&Co : Peux-tu nous dire quelle relation entretiens-tu avec ton corps à l’heure actuelle ? Est-elle plutôt conflictuelle ou sereine ?

Mannel : Je pense qu’elle se situe un peu entre les deux. J’ai tendance à penser qu’elle est beaucoup plus sereine qu’elle ne l’était à l’époque, mais il m’arrive encore d’avoir des coups de mou où je ressens tout un tas de sentiments négatifs à son égard. Bien qu’ils se fassent plus rare.

Jaïne&Co : Lorsque tu as répondu à notre appel à témoins, tu expliquais qu’enfant, tu n’avais pas souvenir de “conscientiser” réellement ton corps. Peux-tu expliquer/approfondir ce fait ?

Mannel : Oui tout à fait. J’espère pouvoir être assez claire, mais je n’avais en fait pas réalisé que mon corps pouvait ne pas faire partie de moi. Enfant je l’ai toujours vu comme une extension de moi-même donc il ne me posait pas problème. À aucun moment, je ne le voyais comme quelque chose à part entière.

Jaïne&Co : Comment as-tu vécu la puberté et toutes les transformations physiques/hormonales qu’elle génère ?

Mannel : Très très mal, mais encore une fois ce n’était pas moi l’élément déclencheur. En atteignant la puberté j’ai eu une prise de poids assez conséquente, l’apparition des poils – tout ça – je m’en fichais un peu. Sauf que c’était des choses que les autres ont remarquées et ne se sont pas empêchés de dire. Forcément ça m’a créé énormément de complexes et c’est à ce moment-là que je me suis sentie “contre” mon corps, et plus à l’unisson avec lui.

© Goddess Glow, Pinterest

Jaïne&Co : As-tu des complexes ? Si oui, te souviens-tu de leur(s) origine(s) ?

Mannel : Aujourd’hui ils se sont en partie dissipés – je crois – mais tous les complexes que j’ai eu avaient tous la même origine : le regard et les commentaires des autres.

Jaïne&Co : Penses-tu que ton entourage et/ou que la société ont été vecteurs de complexes ? De manque de confiance en toi ?

Mannel : Oui j’en suis même certaine. Je pense que lorsqu’on est plus jeune et qu’on cherche à faire sa place, on prend énormément en considération les commentaires d’autrui. Forcément, lorsqu’on se rend compte qu’ils ne sont pas satisfaits de quelque chose chez nous, ça nous fait complexer. Je pense que le manque de confiance en soi ne se crée pas de soi-même.

Jaïne&Co : Comment as-tu fait face à ces agressions extérieures ? Comment t-ont-elles impactées (est-ce que cela t’a incitée à te renfermer sur toi-même ou au contraire à être plus combative) ? Comment as-tu évolué ?

Mannel : C’était très compliqué. Et effectivement j’ai fini par me renfermer sur moi-même, par perdre confiance en moi. J’avais l’impression que peu importe où j’étais, on allait me juger sur mon physique et je suis devenue très très sensible suite à ça. Aujourd’hui – je l’ai dit – ça va mieux et je pense que si j’ai pu évoluer c’est en lisant des articles sur le sujet, en discutant avec d’autres personnes et en me rendant compte qu’en fait on est beaucoup dans ce cas-là. Que ce n’est  pas normal de faire vivre ça aux autres.

Jaïne&Co : Qu’est-ce qui te permet de te sentir bien ? D’être en harmonie avec ton corps et ton esprit ?

Mannel : De prendre du recul face à ce qui me fait sentir mal. Par exemple, si ce sont les réseaux sociaux : je m’en éloigne pendant une journée. Puis de manière générale à arrêter de penser à mon corps tout simplement, à le laisser vivre en paix. Et j’ai aussi remarqué que consommer des aliments qui me font du bien m’aide beaucoup, mais bon ça c’est une autre histoire !

© Fabrizio Verrecchia, Unsplash

Jaïne&Co : As-tu peur du temps qui passe et de l’apparition de ses effets (externes et internes) ?

Mannel : Pas vraiment non. D’abord parce que je fais partie de ces gens qui n’arrivent pas à s’imaginer plus âgé et de manière générale je me dis que c’est le processus naturel, qu’on va tous passer par là un jour. Alors j’essaie de ne pas avoir peur des choses que je ne peux pas contrôler.

Jaïne&Co : Avec du recul et un peu plus d’expérience, que dirais-tu à la jeune fille complexée que tu étais ?

Mannel : Je pense que je lui dirais de tenir bon. Que c’est pas elle le problème, que c’est un peu les autres mais c’est surtout que c’est bien plus compliqué que ça. Que même si c’est dur aujourd’hui, demain c’est grâce à ces épreuves qu’elle pourra devenir la femme qu’elle voulait être un jour. Oh et aussi que non, il n’y a pas qu’elle qui est complexée et qu’en réalité même les personnes qu’elle admire le sont.

Jaïne&Co : Quel(s) message(s) aimerais-tu faire passer aux lecteurs/lectrices, à travers ce portrait dédié au corps ? 

 Mannel : Je voudrais qu’ils sachent qu’ils ne sont pas seuls et que toutes les épreuves sont surmontables. Qu’avoir des complexes c’est “normal” dans une société comme la nôtre et qu’il ne faut donc pas qu’ils se sentent moins bien parce qu’ils ont ces complexes. Puis je voudrais aussi faire passer un message à ceux qui sont de l’autre côté, ceux qui font des remarques sur le corps des autres et qui peut-être – sans s’en rendre compte – créent des complexes chez les autres. Demandez-vous pourquoi vous faites cette remarque. Si la réponse est “Je ne sais pas” ou si c’est “J’ai le droit de donner mon opinion”, alors votre remarque ne vaut certainement pas le coup d’être dite. À bon entendeur.


C’est sur cette piste de réflexion que nous vous laissons…
Un grand merci à Mannel pour sa confiance et le temps qu’elle nous accordé. Une jeune femme inspirante qui – nous l’espérons – aura su faire écho en vous, en vous insufflant une bonne dose de « women empowerment« .

2 commentaires

  • Team Jaïne

    Bonjour Kenza !
    Merci pour ce message, qui nous fait tant plaisir !
    Effectivement, ce terme ici n’est pas très parlant…en fait j’entendais « avoir conscience de ce corps » à travers le prisme sociétal etc. Il faut vraiment que l’on réfléchisse à une manière de reformuler cette question ^^

  • Kenza🍍

    Bonjour, c’est très intéressant de voir le pdv d’autres personnes sur la relation qu’elles ont avec leur corps et comment elles ont réussi à se sentir mieux avec. Je n’ai pas très bien compris le fait de « conscientiser » son corps 🙁
    Super article !
    🍍

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