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Faire face à un Burn-Out émotionnel

Il m’aura fallu du temps pour me pencher sur cet article, notamment par peur de ne pas m’exprimer correctement.
Figurez vous que l’on parle très peu du burn-out émotionnel…à croire que le sujet est tabou ! D’ailleurs sait-on vraiment ce que c’est au fond ?

Le burn-out émotionnel se caractérise par un état d’épuisement psychologique souvent entraîné suite à un trop plein émotionnel
Il survient généralement pour de multiples raisons lorsque nous sommes confrontés à une multitude de tâches (travail, vie familiale, vie sociale) qui nous empêche de tout mener à bien comme on le souhaiterait. Il devient alors impossible de faire face.


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Ici, je ferai le récit de mon expérience. Par conséquent, vous comprendrez qu’il ne s’agit en aucun cas d’une expertise médicale, psychologique ou autres. Ce qui a marché pour moi, ne marchera pas forcément pour vous.

Dans tous les cas, concentrez vous sur vos besoins sur le moment et entourez vous des bonnes personnes.


Le point de non retour…

Le point de non retour ne vient pas d’un coup d’un seul. Non. C’est beaucoup plus vicieux. Beaucoup plus insidieux.

En 2022, j’ai été confrontée à une succession d’événements indépendants de ma volonté, extrêmement douloureux.
Le genre d’événements qui te clouent au sol, t’écrasent de tout son poids jusqu’à temps que ton âme se dissocie de ton corps.

J’ai encaissé les coups, les uns après les autres. Sur le moment ils ne m’ont pas noyée… seulement affaiblie un peu plus chaque jour.
Je me suis surprise à tout relativiser, parce qu’au fond il y a toujours pire comme situation. Alors on sourit, on sauve les apparences et on puise dans ses dernières ressources.
Je me suis raccrochée à mon travail, pensant qu’il me permettrait de faire face à toutes ces petites choses qui faisaient que mon microcosme s’effondrait. Grossière erreur…
On ne répare pas une corde rongée avec un bout de scotch…

L’effondrement…

D’un coup, impossible de trouver le sommeil…même en étant harassée de fatigue. Mon cerveau refuse de se mettre sur « off ». Les pensées fusent dans mon esprit, 24h/24.
Mes crises d’angoisse – pourtant disparues – reviennent jour ET nuit.
Mes émotions débordent. Moi qui suis la reine pour les dissimuler habituellement, j’en deviens subitement incapable.

Inconsciemment, je coupe tous liens sociaux. La solitude devient ma meilleure alliée. Mon refuge. Je conserve mes essentiels : mes très proches, ma soif de lecture, la musique. Tout le reste, je le mets de côté. Qui a envie d’être ce boulet déprimé dont tout le monde se préoccupe ?
Le mode « Pilote automatique » se déclenche. Tous les gestes du quotidien sont faits mécaniquement. Je me désinvestis de tout. Plus rien ni personne ne m’intéresse.
Cette période hivernale que j’aime tant, devient finalement un vrai calvaire. J’appréhende l’arrivée des fêtes, car je sais que l’absence et le chagrin vont s’inviter autour de la table.
Malgré tout je continue, tête baissée et je fonce dans le mur.

On est à quelques jours de Noël et mon corps finit par lâcher. Je tombe malade. Littéralement. Je comprends enfin que la situation est grave. Puisque je n’écoute pas la petite voix intérieure criant mon désarroi, c’est mon corps qui prend le relais en agitant un red flag.
La consultation médicale est inévitable. Mon premier arrêt maladie aussi.

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Faire de soi une priorité

L’arrêt maladie a clairement été la meilleure décision de cette fin d’année. Dieu sait que j’ai culpabilisé – notamment parce que je connaissais les sacrifices de mes collègues pour ces fêtes – mais pour une fois : je me suis CHOISIE. J’ai fait taire ma conscience professionnelle qui – pour le coup – n’arrangeait en rien mon cas.

J’ai coupé tous mes réseaux sociaux. Instagram, Snapchat, Facebook, WhatsApp : TOUT. J’ai bien évidemment répondu une seule et unique fois aux messages de proches – inquiets – et puis plus rien. Silence radio. Là aussi, une excellente décision.
Plus de pensées envahissantes, vous déconnectant du réel et générant des ondes négatives. Plus d’effusions de joie familiale, d’images idylliques, enfonçant un peu plus le pieu déjà enfoncé dans mon cœur.

Ma chance a été de traverser cette phase difficile, entourée de proches vivant la même douleur que moi. On n’appréhendait pas les choses de la même manière, mais on n’avait pas besoin de mots pour se comprendre. Et ça aussi, c’est hyper important et reposant. Ne pas avoir à expliquer ce qui ne va pas, ne pas devoir s’évertuer à mettre des mots sur ses émotions pour que les autres saisissent l’ampleur de votre tristesse.
Verbaliser des sentiments que l’on a déjà soi-même du mal à analyser ou comprendre, est juste éreintant. Si vous saviez comme je suis reconnaissante à mes proches de m’avoir épargné ça…

Créer une bulle – insonorisée, déconnectée – autour de moi a été salvateur. Sans cela, je ne suis pas certaine que j’aurais pu remonter la pente aussi vite.

Les erreurs à ne pas commettre…

En ayant un peu de recul sur les mois écoulés, je me rends compte que certaines choses auraient pu être évitées. J’aurais pu me préserver en agissant ainsi :

1) Ralentir et prendre soin de moi aux premiers signaux d’alerte
2) Refuser d’être utilisée comme « éponge à émotions » et d’être l’épaule de toutes les âmes en détresse
3) Consacrer beaucoup plus de temps et d’énergie à ce/ceux qui me rend(ent) heureuse dans la vie
4) Consulter un thérapeute si j’en ressens le besoin, sans m’y prendre à la dernière minute/dans l’urgence
5) Lâcher prise. Comprendre et accepter que malgré tous mes efforts, des choses m’échapperont et ne pourront pas être sous mon contrôle…C’est normal et humain
6) Donner la primauté aux attentes que j’ai de moi-même, plutôt qu’à celles d’autrui à mon égard

Et après ?

Se sent-on fragile ou diminué après un burn-out émotionnel ? A-t-on l’impression d’avoir échoué ? Est-ce un aveu de faiblesse ? Très sincèrement, non. Il faut au contraire beaucoup de force intérieure pour dissimuler autant de maux, sans que personne ne se doute du chaos en vous.
Il vous faut la même force pour accepter votre état et décider de vous prendre en mains pour aller mieux.

Un burn-out ne vous définit pas.
Ces passages « à vide » sont seulement des plaies douloureuses avec lesquelles vous vivrez un moment – peut-être une vie – mais elles finiront par cicatriser. Ces cicatrices feront partie de votre histoire mais forgeront aussi vos richesses et ressources de demain. Le temps fait son œuvre. Ce célèbre adage n’a jamais sonné aussi vrai.

Ne vous souciez pas de ce que l’on pense ou va penser de vous, ni des répercussions qu’autrui pourrait vous infliger sous prétexte que vous n’avez pas répondu à ses attentes. Si on vous tient rigueur d’avoir choisi votre santé avant celle des autres, alors c’est que vous n’êtes pas entouré des bonnes personnes ou que vous n’êtes pas au bon endroit.

My dark days made me stronger. Or maybe I already was strong, and they made me prove it. — Emery Lord

Un commentaire

  • Mathilde

    Bravo pour cet article qui a du te demander beaucoup de courage , je trouve que tu as parfaitement décris cette sensation si horrible … Deux passages m’ont beaucoup marqué :

    « mais on n’avait pas besoin de mots pour se comprendre. Et ça aussi, c’est hyper important et reposant. Ne pas avoir à expliquer ce qui ne va pas, ne pas devoir s’évertuer à mettre des mots sur ses émotions pour que les autres saisissent l’ampleur de votre tristesse. »

    J’avais jamais vraiment réalisé que ça faisait parti de la surcharge mental , de s’efforcer d’expliquer aux gens la douleur qu’on ressent , et dans le fond c’est tellement vrai , comme si on voulait se sentir légitime de souffrir aux yeux des autres
    ( Les autres ….encore et toujours et ça… Même lors de ces moments difficiles)

    « Si on vous tient rigueur d’avoir choisi votre santé avant celle des autres, alors c’est que vous n’êtes pas entouré des bonnes personnes ou que vous n’êtes pas au bon endroit. »

    —-> ça va être rajouter dans mes tips phrase à se répéter lorsque ça ne va pas !

    Merci 🌷

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